Les pharmaciens peuvent être des partenaires de confiance pour les patients en santé mentale

Presque partout dans le monde, les pharmaciens sont les professionnels de la santé les plus accessibles. La plupart des gens trouvent qu’il est plus facile d’entrer dans leur pharmacie locale pour s’informer des effets secondaires des médicaments que d’obtenir un rendez-vous avec un médecin. Les pharmaciens représentent également le dernier point de contrôle entre les patients et les médicaments sur ordonnance : ils s’assurent que les bons médicaments sont prescrits aux bonnes doses, que les médicaments prescrits n’interagissent pas de manière nuisible et que les patients comprennent la façon et le moment de les prendre, ainsi que leurs effets.

Pourtant, en réalité, probablement à cause de la stigmatisation, la plupart des patients ne parlent pas à leur pharmacien, encore moins lorsqu’il s’agit de problèmes et de médicaments liés à la santé mentale. Ainsi, la plupart des pharmaciens n’exercent pas pleinement leur profession en matière de santé mentale (1), et les besoins des patients en matière de soutien et d’information de la part de leur pharmacien ne sont pas satisfaits.

Comment les pharmaciens peuvent-ils aider les patients qui ont des problèmes de santé mentale ?

Les pharmaciens peuvent devenir un membre important de l’équipe soignante d’un patient lorsqu’il s’agit de favoriser sa santé mentale.

  1. Surveillance et amélioration de l’adhésion à la médication

L’adhésion à la médication est plus difficile pour les patients qui prennent des médicaments psychotropes que pour ceux qui prennent d’autres médicaments pour maladies chroniques. Les taux de non-adhésion à la médication psychotrope, comme celle qui est utilisée pour traiter la dépression, la schizophrénie ou le trouble bipolaire, peuvent atteindre 60 % (2). Une mauvaise adhésion à la médication psychotrope augmente le risque de rechute, aggrave les symptômes et le pronostic, réduit la qualité de vie de la personne et entraîne des coûts économiques importants pour la personne et la société (3). Des études ont montré que les pharmaciens peuvent améliorer efficacement les taux d’adhésion à la médication psychotrope en fournissant des conseils sur les médicaments et en assurant la surveillance du traitement (4).

  1. Gestion des effets secondaires et analyse des médicaments

La comorbidité médicale est très fréquente chez les patients qui ont des troubles de santé mentale. En plus de se voir souvent prescrire plusieurs médicaments psychotropes pour gérer des troubles de santé mentale coexistants, les patients doivent souvent prendre en plus des médicaments pour d’autres troubles non psychiatriques. Le risque d’interactions médicamenteuses et d’accident médical en est augmenté (événements indésirables, effets secondaires et erreurs de médicaments). En passant en revue attentivement les médicaments et en contribuant à la gestion des effets secondaires, les pharmaciens peuvent améliorer les résultats des traitements et réduire les interactions médicamenteuses fortuites.

  1. Dépistage en santé mentale

Les maladies mentales peuvent toucher à peu près tout le monde, et un dépistage précoce, associé à un traitement efficace, peut réduire considérablement les symptômes et améliorer les taux de rétablissement et de rémission. En outre, de nombreux médicaments non psychiatriques couramment prescrits entraînent des effets secondaires psychiatriques, comme la dépression et l’anxiété. Il s’agit notamment des bêtabloquants, des statines, des stimulants et des anticonvulsifs, entre autres classes de médicaments. Étant donné le grand nombre de patients que les pharmaciens voient régulièrement, ces derniers sont bien placés pour reconnaître très tôt les signes et les symptômes des problèmes de santé mentale. Les pharmaciens peuvent examiner les médicaments qui risquent d’exacerber les problèmes de santé mentale, surveiller les signes de maladies mentales, proposer systématiquement un dépistage de la santé mentale et fournir des conseils aux patients en matière de traitements (5).

  1. Triage et aiguillage rapides

Un des rôles du pharmacien, extrêmement important, mais souvent négligé, consiste à effectuer le triage et à aiguiller rapidement les patients vers les soins et les services sociaux adéquats. Les patients atteints d’une maladie mentale ont souvent besoin d’autre chose que des médicaments pour se rétablir. En effet, en plus des médicaments, la plupart des patients ont besoin de services d’aide psychosociale, ainsi que d’un accès aux services sociaux et à un soutien financier. Les pharmaciens sont très bien placés pour effectuer un triage et pour coordonner les autres besoins des patients en matière de soins en les aiguillant vers les services appropriés si nécessaire.

Quels sont les obstacles au travail des pharmaciens en matière de santé mentale ?

Des études menées auprès de pharmaciens ont cerné plusieurs obstacles majeurs à la prestation de soins de santé mentale aux patients.

  1. Le temps et les priorités concurrentes

Les pharmaciens ne sont généralement pas rémunérés pour le temps passé à prodiguer des conseils (supplémentaires), à écouter les problèmes de santé et de santé mentale des patients ou à effectuer du dépistage en santé mentale (6). Toutes ces mesures sont nécessaires pour résoudre les problèmes d’adhésion à la médication ou pour assurer un triage et un aiguillage appropriés. Les pharmaciens ont également d’autres priorités qui nécessitent leur temps et leur attention, comme la préparation et l’exécution des ordonnances.

  1. La confiance et la relation

Il faut du temps pour établir la confiance et une relation avec les patients. Ce sont des ingrédients nécessaires pour favoriser les conversations fructueuses sur les problèmes de santé mentale – en particulier compte tenu de la stigmatisation entourant ces problèmes (1). Pourtant, de nombreux pharmaciens ont du mal à trouver le temps de bien écouter ou de bien converser avec les patients, ce qui est nécessaire pour établir la confiance.

  1. Confidentialité et stigmatisation

Malgré une sensibilisation accrue aux problèmes de santé mentale, ceux-ci font encore l’objet d’une forte stigmatisation et on n’en parle pas ouvertement dans la plupart des sociétés. Les patients et les pharmaciens doivent pouvoir discuter des problèmes de santé mentale dans un espace privé. Malheureusement, la plupart des pharmaciens n’ont pas accès à un espace privé; presque toutes les conversations se déroulent ouvertement et peuvent être facilement entendues par des personnes qui attendent en ligne (5).

  1. Assurance et formation

De nombreux pharmaciens font état d’un manque de formation en santé mentale, ainsi que d’un manque d’assurance, en particulier lors de crises de santé mentale (1). On constate donc un intérêt accru pour la formation de premiers soins en santé mentale et pour l’éducation en santé mentale en général, dans le cadre de programmes d’enseignement et de formation pour les pharmaciens. Il a été démontré que la formation en santé mentale permet de réduire sa stigmatisation et de renforcer les compétences des pharmaciens, ainsi que leur assurance de fournir les services appropriés aux patients qui ont des de troubles de santé mentale (7).

Quelle aide peut vous apporter Carebook ?

Avec une approche centrée sur le patient et convenant aux pharmaciens, Carebook fait évoluer sa solution digitale afin d’aider les pharmaciens à fournir des soins efficaces et appropriés à tous les patients. Cette solution cible les obstacles les plus courants à la prestation de traitements et de soutien, notamment le manque d’occasions pour établir une relation de confiance, l’absence d’outils pour effectuer des dépistages de santé mentale et le manque de formation et d’assurance. Notre solution s’appuie sur les données les plus récentes et privilégie les besoins des patients et des pharmaciens. Mais, surtout, elle tient compte des avantages étendus de l’engagement humain. Si vous possédez une pharmacie ou une franchise de pharmacie, ou si vous souhaitez consulter nos solutions pour entreprises, communiquez avec nous.

Références

  1. Rubio-Valera M, Chen TF, O’Reilly CL. New roles for pharmacists in community mental health care: a narrative review. Int J Environ Res Public Health. 2014;11(10):10967–10990. doi: 10.3390/ijerph111010967.
  2. García S, Martínez-Cengotitabengoa M, López-Zurbano S, Zorrilla I, López P, Vieta E, González-Pinto A. Adherence to Antipsychotic Medication in Bipolar Disorder and Schizophrenic Patients: A Systematic Review. J Clin Psychopharmacol. Août 2016;36(4):355-71.
  3. Ho SC, Chong HY, Chaiyakunapruk N, Tangiisuran B, Jacob SA. Clinical and economic impact of non-adherence to antidepressants in major depressive disorder: A systematic review. J Affect Dis. 2016; 193: 1-10.
  4. Bell S, McLachlan AJ, Aslani P, Whitehead P, Chen TF. Community pharmacy services to optimise the use of medications for mental illness: a systematic review. ANZ Health Policy 2005, 2:29.
  5. O’Reilly CL, Wong E, Chen TF. A feasibility study of community pharmacists performing depression screening services. Res Social Adm Pharm. 2015;11(3):364-81.
  6. Murphy AL, Phelan H, Haslam S, Martin-Misener R, Kutcher SP, Gardner DM. Community pharmacists’ experiences in mental illness and addictions care: a qualitative study. Subst Abuse Treat Prev Policy, 2016; 11: 6.
  7. O’Reilly CL, Bell JS, Kelly PJ, Chen TF. Impact of mental health first aid training on pharmacy students’ knowledge, attitudes and self-reported behaviour: a controlled trial. Aus New Zeal J Psych, 2011; 45(7): 549-557.